3 milliards de francs de bénéfice, l’Hépatite C, on en vit très bien
Bien placé, un cancer peut rapporter jusqu’à 200 000 francsLe sofosbuvir (Sovaldi®) est un médicament contre l’hépatite C, qui est efficace à plus de 90% en association avec d’autres molécules pour soigner la maladie. En Suisse, Gilead commercialise le traitement de sofosbuvir (pour les 12 semaines minimales requises) au prix de 48 000 francs. Le coût imposé par Gilead contraint l’OFSP à limiter le traitement. En Suisse, 33 000 cas d’hépatite C sont déclarés et 83 000 personnes sont estimées porteuses du virus. Très cher, ce médicament est réservé aux patients les plus sévèrement atteints.
Le sofosbuvir est un médicament symbolique d’une rupture dans les rapports entre l’industrie du médicament et les systèmes de santé. Outre le fait que c’est la première fois que de tels écarts existent entre le prix d’un médicament et son coût réel, c’est aussi la première fois que nous disposons d’éléments objectifs sur la logique qui prévaut dans la fixation du prix du médicament : la recherche du profit maximal. Les dirigeants de Gilead ont en effet très clairement cherché à maximiser leurs profits au regard de l’idée qu’ils se faisaient de ce que les payeurs (Etats ou compagnies d’assurance) seraient prêts à accepter. Le Sénat américain en a apporté la preuve au terme de 18 mois d’enquête, dans un rapport publié en décembre 2015.
Depuis leur mise sur le marché américain fin 2013, puis en Europe à partir de 2014, les médicaments de Gilead à base de sofosbuvir ont rapporté un chiffre d’affaires cumulé de 40 milliards de dollars à Gilead au 30 juin 2016 – dont 18,3 milliards pour le seul Sovaldi. Voilà ce que rapporte un traitement à 1 000 dollars le comprimé – un prix unitaire qui n’avait jamais été atteint auparavant pour aucun médicament.
Enfin, dopé par le Sovaldi et le Harvoni, le laboratoire Gilead a réalisé sur la même période un bénéfice net après impôts de plus de 37 milliards de dollars, soit une marge nette de 51% sur l’ensemble de ses ventes – un record mondial dans un secteur industriel qui connaît déjà les taux de marge nette les plus élevés ; ce montant est le double de celui consacré aux dépenses totales de Gilead en R&D ces 15 dernières années.