Avec 1 milliard d’euros de bénéfice, l’Hépatite C on en vit très bien

En France depuis l’arrivée du sofosbuvir, 30 000 patients ont été traités. Considérant que le traitement ne coûte que 75 euros à produire, on peut imaginer que les bénéfices du laboratoire Gilead ont atteint plus de 1 milliard d’euros sur la base d’un prix facial à 41 680 euros auquel serait appliqué un rabais de 23%...

Le sofosbuvir est un médicament symbolique d’une rupture dans les rapports entre l’industrie du médicament et les systèmes de santé. Outre le fait que c’est la première fois que de tels écarts existent entre le prix d’un médicament et son coût réel, c’est aussi la première fois que nous disposons d’éléments objectifs sur la logique qui prévaut dans la fixation du prix du médicament : la recherche du profit maximal. Les dirigeants de Gilead ont en effet très clairement cherché à maximiser leurs profits au regard de l’idée qu’ils se faisaient de ce que les payeurs (Etats ou compagnies d’assurance) seraient prêts à accepter. Le Sénat américain en a apporté la preuve au terme de 18 mois d’enquête, dans un rapport publié en décembre 2015.

Depuis sa mise sur le marché américain fin 2013, puis en Europe à partir de 2014, le Sovaldi avait rapporté un chiffre d’affaires cumulé de 15,7 milliards de dollars à Gilead au 31 décembre 2015. Voilà ce que rapporte un traitement à 1 000 dollars le comprimé – un prix unitaire qui n’avait jamais été atteint auparavant pour aucun médicament.
Enfin, dopé par le Sovaldi et le Harvoni, le laboratoire Gilead a réalisé sur la seule année 2014 un bénéfice net après impôts de 12,1 milliards de dollars ; ce montant est quasiment équivalent aux dépenses totales de Gilead en R&D pendant 11 ans sur la période 2003-2013